La pandémie m’a transmis le virus du e-learning

Avant la pandémie de Covid 2019, je n’avais jamais envisagé de délivrer des formations « à distance ».
L’idée même était pour moi inconcevable.
Vous pouvez lire ce que j’écrivais à ce sujet en cliquant sur ce lien

Comment enseigner le dessin, la peinture, l’impalpable d’un mélange qui peut basculer en une fraction de seconde ?
Comment corriger un trait en temps réel ?
Comment « sentir » un apprenant qui triomphe ou se décourage face à la difficulté d’une proposition et le stimuler ou le remotiver si besoin ?
Comment montrer un geste précis, reprendre au bon moment un élève quand il s’agit de poser un enduit de chaux ultra délicat ou d’appliquer une patine sans être au contact ?

Contrainte et forcée par les confinements successifs, je me suis résolue la mort dans l’âme à proposer à mes stagiaires des séances en visio justement pour ne pas nous perdre de vue et rester en contact… au sens figuré.

Et là ! Quelle belle surprise de constater que malgré des visios un peu « bricolées » dans l’urgence, les stagiaires produisaient un travail de grande qualité et semblaient aussi réceptifs, voire plus, qu’en présentiel à l’atelier.

J’ai adoré animer les classes virtuelles et les groupes WhatsApp imaginés pour faciliter nos échanges.

Des interactions riches de sens et d’enseignements se sont tissées entre moi et les stagiaires et entre pairs, donnant lieu à d’inoubliables moments de formation où toute distance était abolie.

Cette convivialité d’atelier qui m’est si chère grâce aux échanges chaleureux et animés qui font le sel d’une formation réussie n’étaient pas en reste malgré l’aspect virtuel de nos rencontres.

C’est pourquoi j’ai décidé de me former sérieusement à l’animation de formations à distance et aux différentes modalités que celles-ci exigent d’un point de vue pédagogique et administratif.

Une remise en question salutaire

J’ai investi dans du matériel de qualité, j’ai fait mon show devant la caméra pour enregistrer des vidéos pédagogiques en transformant mon bureau en studio de tournage.
J’ai surtout découvert un univers d’une richesse infinie qui a donné un nouveau souffle à ma pratique professionnelle.

Je me suis lancée en transformant la formation en « Dessin, peinture et démarche créative »  présentielle à l’Atelier en « Remise à niveau aux fondamentaux du langage plastique » avec une formule en blended learning.

Il demeure important de travailler avec mes stagiaires à l’atelier ne fut-ce qu’un temps donné, et la solution « blended » est idéale pour combiner le « à distance » avec le travail en présentiel sur une partie de la formation.
Les stagiaires qui se sont d’abord rencontrés en virtuel sont ravis de faire connaissance « pour de vrai » avec l’impression curieuse d’être déjà familiers.
D’autres liens se créent, les expériences sociales se combinent en formant une alchimie passionnante à observer quand on enseigne.

Le module de formation « Pédagogie des arts plastiques » suivra probablement le même chemin même si je désire conserver la possibilité de suivre cette formation en présentiel à l’Atelier.

Etre clair avec son cadre et ses limites

Je reçois parfois des demandes pour suivre la formation de « Matiériste et coloriste meubles / murs » à distance.
La matière est une vraie limite au virtuel : un écran, une vidéo, un tuto ni même toutes les classes virtuelles synchrones ne remplaceront jamais les mille et une ressources à disposition dans l’espace de l’atelier pour créer couleurs et matières avec des pigments par dizaines, des liants, des cires, de la feuille de cuivre, une brosse à pocher, un berceau à faux bois etc.

Cette formation restera en présentiel afin de préserver le sens de cet apprentissage basé sur le compagnonnage et l’observation des gestes in situ pour garantir sa qualité.